Exceptionnelle pendule de cheminée néoclassique en porphyre d’Alsace
Attribuée à François Rémond (vers 1747–1812)
Époque Louis XVI
Superbe pendule de cheminée en porphyre vert des Vosges, montée en bronze finement ciselé, doré et patiné, reposant sur huit pieds toupie à godrons.
La base rectangulaire aux angles arrondis est soulignée par une large moulure en cavet et décorée de deux muses soutenant le mouvement horloger, inséré dans un encadrement octogonal, au sommet duquel Apollon joue de la lyre, assis sur un nuage.
Le cadran en émail blanc, signé Robin Fils, indique les heures en chiffres romains, les quarts en chiffres arabes, avec une graduation minutée.
Dimensions : H. 71 cm – L. 56 cm – P. 19 cm
(Dégâts au cadran)
Par son ampleur, la rareté de la pierre utilisée et la qualité exceptionnelle de sa réalisation, cette pendule fut sans doute conçue sur commande pour une clientèle de haut rang.
Ce modèle est généralement attribué à François Rémond, l’un des plus talentueux bronziers de son époque. Les mascarons identiques figurent sur la célèbre pendule dite à l’étude, vendue par Daguerre à partir de 1784, dont un exemplaire est conservé au château de Versailles. Une variante en marbre blanc est également connue.
🔍 Contexte historique et artistique :
Au XVIIIᵉ siècle, la mode des objets montés en roches dures — porphyre, granit, serpentine — atteint son apogée. Cette tendance incita l’administration royale, notamment les Menus-Plaisirs sous l’impulsion du duc d’Aumont, à exploiter des carrières françaises pour réduire l’importation de pierres italiennes.
Découvert en 1768, le gisement de Giromagny dans les Vosges — propriété de la duchesse de Mazarin, nièce du duc — fournit un porphyre verdâtre (parfois appelé serpentine verte), utilisé notamment pour les vases montés par Pierre Gouthière, acquis par Louis XVI en 1782 (aujourd’hui conservés au Louvre).
Les ventes spécialisées de marbres français se multiplient à Paris, notamment celles organisées par Jean-Baptiste Feuillet et Jean-Baptiste-Pierre Lebrun, comme la vente Du Pereux du 23 mars 1784, qui mentionne des :
« vases en porphyre d’Alsace, granit, serpentine… certains montés en bronze doré au mat, d’autres à dorer, réalisés d’après les profils et dessins élégants de M. Feuillet. »